A Varengeville , le temps hésitait entre soleil et orages.
L’église qui glisse vers l’abîme
On a visité le cimetière marin où se trouvent mélangées les tombes des villageois et les tombes de célébrités comme celle du compositeur Albert Roussel ou de Georges Braque. Dans l’église un Christ roux de Michel Ciry, en post-adolescent un peu chétif et très seul. Emouvant.

Depuis le cimetière, la vue va jusqu’où nos yeux peuvent aller : le ciel et la mer changent sans cesse : doré puis gris ; verte puis grise. Les prés sont luisants et la falaise mélange la craie et les coulées de boue ocre, imposant l’image de la destruction à venir. Des falaises blanches paraitraient hors du temps. Ici, les traces noires annoncent la catastrophe climatique qui approche. D’ailleurs, je viens de lire dans les informations d’Ouest France que l’église repose sur un sol de plus en plus instable et glisse lentement vers l’abîme. La falaise haute de 80 mètres est attaquée par l’érosion. Un jour tout sera englouti !

La cabane de Monet dans la Gorge des Moutiers
Les valleuses sont des vallons perchés, suspendus au-dessus du niveau actuel de la mer. Celle-ci s’appelle, je crois, Gorge des Moutiers, si escarpée, malgré les aménagements, qu’on peut hésiter devant le gouffre béant en-dessous.

Monet venait souvent y peindre.

Gorges de Vasterival
Un peu plus loin, au niveau du phare d’Ailly, la descente est plus commode, même si la roche est tendre et si la terre peut s’effondrer lors d’une prochaine tempête.


En bas, on découvre une plage de galets, jonchée de rochers sombres couverts de verdure. Un paysage d’une beauté extraordinaire.

A chaque vague, l’eau recouvre la plage jusqu’au milieu avant de repartir en petits filets ruisselants, A chaque vague, les creux se remplissent et on ne sait trop si la marée est montante ou descendante. On s’inquiète un peu de ne pouvoir regagner à temps la valleuse, jusqu’à ce qu’un, moins sot, ait l’idée de regarder l’heure de la marée sur son téléphone.

Sur cette plage trempée et froide, les gros blocs évoquent des animaux sortis de la mer dans des temps anciens.


Plus loin, le calcaire ressemble à des ossements, d’autant plus blancs qu’ils succèdent aux rochers noirs et verts.

Assis, tranquille devant l’immensité
Avec la petite ville de Saint-Valery établie dans un large vallon, le paysage cesse d’être terrible. C’est le 1er novembre. Saint-Valery somnole. Les habitants sont partis honorer les âmes de leurs morts et les cafés sont presque tous clos. Tout de même, sur le quai une poissonnière a ouvert et jette à la mer les entrailles des poissons, attirant une volée de cormorans qui tournoient, battent furieusement des ailes, plongent en poussant des cris affreux et remontent dévorer les déchets qu’ils ont attrapés.


Un homme est assis près de la plage. Il n’a pas besoin de penser à quelque chose. Il reste là tranquille devant l’immensité
