Le latin sur les murs : pharmaciens et médecins

J’ai repris l’habitude de me balader environ une heure chaque jour. Comme j’ai reçu un bel article de Mat Pires sur une farce de latinistes qui avaient entrepris en 2005 de rebaptiser les noms du quartier latin et que je vais le mettre en ligne, j’ai recommencé à chercher les inscriptions latines du 19e et du 20e siècles.

J’évoquerai aujourd’hui celles d’un pharmacien et de médecins. Le latin a longtemps résisté dans les disciplines médicales. On continue d’ailleurs d’en justifier l’enseignement, même si la fréquentation du web montre que les étudiants sont de moins en moins convaincus par l’argumentaire de leurs professeurs. Dans un forum, un futur pharmacien s’interrogeait : « Faut-il forcément avoir fait du latin pour réussir en pharmacie ? » (13/01/2007 à 11:08 pilaf82 ). Ses collègues, plus avancés dans leurs études, lui ont répondu sans ambages que cette langue ne servait pas à grand-chose : « A part à prononcer pas trop mal le nom ds plantes, ça sert à rien…Dire que faire latin grec est utile en médecine et pharma…c’est pas très fondé lol ! Et pourtant, c’est ce que certains profs nous disaient au lycée. » (lapoupetta Patronne (une femme qui en a) 13/01/2007). Non sans raison, une correspondante faisait remarquer que les enseignants en usent surtout comme d’un signe de distinction sociale. « Non   le latin, c’est pour la culture gé et quand certains profs commencent à se la pêter : du genre « ipse facto » au lieu de dire de ce fait, résultat 3/4 de l’amphi qui se demande ce que ça veut dire mdr … Enfin le latin ça rapporte des points au bac »  (Taq Mme la Ministre de la Santé. 13/01/2007 ). Même ceux qui reprennent l’argument si discutable de l’utilité du latin pour l’apprentissage du français donnent l’impression de ne guère croire à ce qu’ils disent. Pour tous, l’anglais est bien plus nécessaire.

Au 19ème en revanche, professions médicales et latin étaient encore étroitement associés et cela a laissé des traces sur les murs de Paris. Voici deux exemples. Celui du pharmacien Defresne et de sa pancréatine, celui des inconnus de la rue Alphonse Daudet.Louis Musard a rappelé dans un savant billet qu’en 1889, Defresne, soucieux de célébrité rapide, a cherché à soudoyer les membres du jury d’une exposition pour se faire décerner une médaille d’or. Loin d’accepter ses propositions, les deux jurés le dénoncèrent. (http://parismyope.blogspot.fr/2010/11/lestomac-des-batignolles.html). Son déshonneur ne semble pas avoir trop entamé son auto-satisfaction, puisqu’au 95 de la rue de Montreuil, il fait rappeller le souvenir de la pancréatine en apparentant sa découverte à la création de la lumière :

Devise de la pharmacie Defresne. rue de Montreuil

Devise de la pharmacie Defresne. rue de Montreuil

1 rue Alphonse Daudet, il faut pénétrer dans un immeuble pour découvrir des fresques de 1899 glorifiant le corps des chirurgiens de Paris. Il semble qu’un certain Julius Le Baron Andecavus (Jules Le Baron d’Anjou ?) docteur de la faculté de Paris ait commandé le décor.

dsc_0019Etait-il chirurgien ? Il fait reproduire en tout cas le blason de la faculté de médecine « à trois cigognes passantes au naturel portant chacune en leur bec une branche d’origan et un soleil rayonnant d’or chassant les nues en chef. »

 

 

Les fenêtres de la cage d’escalier sont décorées de médaillons à la gloire de la médecine: Hippocrate voisine avec les saints, patrons des médecins (Cosme et Damien), avec Robin, célèbre botaniste du 17ème siècle. Un vitrail célèbre les débuts de la dissection; les autres louent les vertus de la médecine.. en latin

 

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