Printemps mouillé à Sceaux

Attentats, grèves, ciel bas et gris depuis quelques mois déjà. Les gens se plaignent, et pourtant, Paris est  à ceux qui n’ont pas peur d’une averse. En juin, d’habitude, le parc de Sceaux est plein de monde, même s’il un peu moins connu que Versailles et Vaux-le-Vicomte (à tort, je crois car c’est le plus romanesque avec son mélange de grands panoramas, d’allées rectilignes et de vieilles forêts qui ensauvagent le site). Ce dimanche, la pluie a chassé presque tous les visiteurs et on peut jouir tranquillement du parc.

Parc de Sceaux. Perspective à la française

Le Nôtre a dessiné Sceaux en 1670 pour la « maison des champs » de Colbert, ministre de Louis XIV. Comme tous les parcs de Le Nôtre, celui-ci est d’abord fait pour la vue et ne peut qu’évoquer aux lecteurs de Michel Foucault les dispositifs panoptiques qui portent au loin le regard du pouvoir. À perte de vue, dit l’expression. Aujourd’hui, la vue ne se perd pas et va jusqu’au brouillard, avant de revenir vers le miroir horizontal d’une eau couleur de plomb.

La plus belle perspective, perpendiculaire au château, domine une butte assez raide qui descend en gradins, de vasque en vasque vers le bassin de l’Octogone. Les cascades ne fonctionnent pas, mais un petit vent venu dont ne sait où disperse le panache d’argent du jet d’eau.

Descente vers l'Octogone

Descente vers l’Octogone

Du décor du 17ème, il ne reste rien. On voit seulement, au niveau du premier bassin, les mascarons sculptés par Rodin pour l’Exposition Universelle de 1878 Ils ont été installés ici par l’architecte Léon Azéma, chargé en 1930 de restaurer les cascades bien dégradées.(http://palagret.eklablog.com/les-mascarons-de-rodin-cascade-du-chateau-de-sceaux-a114821072)

mascarons d'Auguste Rodin

mascarons d’Auguste Rodin

La statue de La Servitude qui se tenait avant la pente des cascades, et qu’Atget a tant de fois photographiée, a été déplacée. Il suffit pourtant de croiser au coin d’une allée de grandes statues blanches sur fond de nature puissante pour retrouver le dialogue entre la réalité et l’art. Dans ce coin du parc, c’est la statue qui est exubérante, tandis que les troncs colonnes des platanes dessinent une architecture régulière.

Allée des platanes

Le domaine de Sceaux organise régulièrement des expositions (peut-être en souvenir d’Atget). En ce début juin, l’exposition n’est pas encore complètement en place, mais au fond, le cadre déjà installé invite à regarder autrement les arbres.Cadrage

Une fois l’allée franchie, on aborde le grand canal que le fils de Colbert a fait creuser. Il a été  aménagé pour les familles, avec ses oiseaux, ses couvées de canetons, ses colverts à la sieste.Colvert

L’après-midi s’achève.

Tout coup le soleil apparaît. Un homme et une femme en couple traversent la prairie. Ils ne sont pas plus gros que des jouets. Tout occupés d’eux-mêmes, ils passent nonchalamment, sans s’arrêter devant la rangée des arbres, devant le vert encore brillant de la dernière pluie.

Parc de Sceaux. Couple

Sur la terrasse du château, la lumière retrouvée dessine la ligne médiane des arbres taillés, assombrit de contre-jour les buis, et de grisaille la grande forêt. Une géométrie grise, noire et blanche. L’art classique d’assembler des parties variées.

Sceaux. Fin d'après-midi

Sceaux. Fin d’après-midi

Nous ne sommes plus seuls. Le soleil a ramené les visiteurs ; la terrasse de la buvette s’est remplie et une fanfare réveille les plus engourdis

Parc de Sceaux. Musiciens

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