La ville de pierre de taille aux larges rues rectilignes est en bas. Vers Belleville, les maisons sont moins durables, moins admirables. Certaines sont encore en plâtre. Des immeubles neufs ont poussé entre des îlots où subsistent des bicoques minuscules. Il y a partout des petits bistrots. Même ceux qui ragent contre la gentrification de la ville profitent de l’équilibre instable entre deux populations. Des retraités fauchés et des bobos bien installés dans la vie qui ont payé 800 000 euros leurs trois pièces dans une résidence banale ou qui transforment d’anciens taudis en ateliers d’artistes. Tous ces gens se mélangent dans les rues du quartier et lui donnent son apparence charmante d’un Paris qui est encore « mélangé ».
Rue du Plateau des haïkus. Pas besoin d’éditeurs, on les accroche sur des grilles, mais qui les lit ?

Les rues portent des noms champêtres rue des Alouettes, avenue de la Grotte, rue des Rigoles… J’aime les séduisants passages à deux pas des artères encombrées. Celui du Plateau, au pavage intact, est le plus étroit de Paris (Plus, je crois, que la célèbre rue du Chat-qui-Pêche, mais je sais bien que chaque partie de Paris a sa rue secrète et resserrée, qu’on l’appelle rue du Prévôt, sentier des Merisiers, passage des Chantres … ). Le cycliste qui arrive vers nous porte une belle casquette Gavroche à carreaux. D’ailleurs, il nous donne son adresse pour qu’on lui envoie la photo, même si nous disons que le téléphone portable ne lui rendra pas justice.

On longe les locaux de la Gaumont, cité Elgé, (LG comme Louis Gaumont), Pour ma génération, rodent encore les souvenirs des années glorieuses de la télévision. C’est bien là et c’est très loin. On peut seulement jouer comme Perec aux Je me souviens Je me souviens de Jean-Christophe Averty et de Cinq colonnes à la une. Je me souviens du Dom Juan de Marcel Bluwal avec un Piccoli irrésistible et inquiétant qui arpentait les Salines d’Arc-et-Senan (davantage que les décors des plateaux de la Gaumont). Les habitants du quartier qui ne se résignaient pas à la disparition pure et simple des locaux ont négocié l’installation d’une Frac (Fonds Régional d’Art Contemporain) dont j’ignorais tout. Je suis souvent très déçue par les choix des Fracs qui me semblent conformistes et ennuyeux, mais j’y passerai cette année pour retarder le moment où le besoin de logements l’emportera sur la nostalgie.
Et voici le plus beau parc de Paris, géniale invention de l’architecte Alphand qui a disposé des grottes, un temple romanesque sur une colline, et fait planter des arbres qui sont devenus somptueux.

Les coureurs plébiscitent les Buttes Chaumont parce que le domaine est escarpé, que les itinéraires possibles sont variés et qu’on peut courir sous des voûtes de feuillage qui donnent l’impression d’être loin. La course de la Saint-Valentin a lieu dans ce parc des Buttes-Chaumont. Conformément à l’esprit libertaire des habitants, elle associe l’évènement sportif et la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle.
Les sportifs ne font pas toujours montre d’une telle tolérance. Je suis tombée sur un billet (heureusement ils sont rares) d’un coureur protestant contre les foules qui envahissent les allées le samedi pour les photos de mariage (http://www.courseapied.net/forum/msg/54461.htm
Les habitués des Buttes Chaumont ont sans doute remarqué la présence de mariés accompagnés de leur « clique » tous les samedis matins aux buttes.
Photos souvenir sur les bords du lac. Le décor est idéal pour ce genre de cliché mais faut pas pousser… le parc n’est pas réservé ni réservable.
Impossible de courir le samedi au bord du lac sans voir l’allée (pourtant bien large ) encombrée par les familles et amis qui se croient seuls au monde.
De fait, samedi, jour des mariages, les Buttes Chaumont se remplissent d’une foule colorée et heureuse.

Il y a d’ailleurs aussi des mauvais coucheurs chez les piétons ordinaires qui avancent à petits pas en barrant le chemin et s’offusquent de devoir partager l’espace.
Chaniac, Régine & Jean-Pierre Jézéquel, 2007, « Les Buttes Chaumont : l’âge d’or de la production ? « , Quaderni, p. 65-79.
S’il est une rue étroite à Paris qui me fait toujours rêver quand je me promène dans le quartier Beaubourg, c’est la rue de Venise.
Magie des mots qui m’évoquent aussitôt ces petits passages à Venise qui débouchent sur la lagune.
Cette rue de Paris doit son nom depuis le XVI siècle à un changeur vénitien dont l’enseigne s’appelait
« A l’Écu de Venise « .
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