A deux pas de Paris, atteignables en RER ou en vélo par la coulée verte, l’arboretum de Chatenay-Malabry installé dans l’ancienne pépinière Croux, l’Ile Verte et la Vallée aux Loups sont des havres de paix, relativement peu fréquentés.
L’arboretum comporte plus de 500 espèces d’arbres et d’arbustes groupés par thèmes, ainsi qu’une collection de bonsaïs dans un parc de 13 hectares. On passe d’un sous-jardin à l’autre et beaucoup sont superbes, mais j’évoquerai seulement quelques merveilles.
« – Le voici. C’est le cèdre bleu pleureur de l’Atlas. Il est très beau.
– Beau ? Je ne dirai pas ça ! Bizarre, plutôt. Il a des dimensions impressionnantes ; la notice dit qu’il couvre 680 m2 C’est un peu monstrueux. Tu ne trouves pas qu’il a des ailes de chauve-souris.
– En tout cas, c’est un monstre au sens propre. Ses branches s’allongent à l’horizontale à cause d’une mutation génétique. On doit les soutenir avec des tuteurs ; et s’il se reproduit, c’est uniquement par boutures.
– Il est tellement gris. Un étendage de linceuls.
– Dès qu’un nuage passe, la grisaille s’installe. Mais que le soleil revienne et les rameaux se changent en guirlandes de Noël argentées et turquoise !
– Des guirlandes ? Plutôt un rideau « en chenille », comme on en accroche en été devant les portes pour que l’air circule et que les mouches restent à l’extérieur.
– Pas très poétique, ta comparaison !
– Pourtant c’est vraiment ça ! Et sous la voûte, on se sent comme dans une chambre à la lumière tamisée : le reste du jardin en perd ses contours. Derrière les branches, il n’y a plus que des taches vertes, rouges et bleues. »
Et c’est vrai. A intervalles réguliers, la brise fait osciller le feuillage, puis s’éloigne. On est bien dans la pièce ouverte aux vents à écouter la respiration du printemps …
D’autres arbres évoquent un monde difficile : l’écorce ravagée du cyprès donne l’idée d’une nature terrible. Et pourtant, le cyprès appartient à ce monde-là. Une force le pousse à croître continuellement et si ce n’était pas trop projectif, on parlerait de courage.
Avec le cyprès à feuille caduques, les frontières du règne végétal et du règne animal s’estompent : l’arbre a développé ce que le petit panneau qui présente l’arbre nomme des pneumatophores. Ces excroissances sont des organes respiratoires qui l’aident à respirer en milieu humide.

Pneumatophores du cyprès à feuilles caduques
A présent, nous arpentons la serre des bonsaïs. Je ne sais pas si j’aime cette façon de s’acheter la nature sans les inconvénients d’un grand jardin que sont le désherbage, la tonte, le ramassage des feuilles mortes, les arrosages permanents ! Mais certains sont émouvants. Une dizaine de pins lilliputiens posés sur une petite table suffit pour évoquer une forêt.
Il y a un atelier d’aquarelles dans un pavillon du jardin. « Tu veux une fleur parfaite, disait l’aquarelliste à l’enfant, mais tu n’en trouveras pas. Chaque plante a son individualité ; la fleur de celle-ci est froissée, le bouton de celle-là a été abîmé par une chenille. Ce ne sont pas des défauts, ce sont des différences. Chacune diffère des autres et possède une manière de vivre bien à elle. En regardant les fleurs, tu peux comprendre comment il faut vivre ».
En face de la propriété de Chateaubriand, petite halte à l’île Verte. Fautrier y a vécu. C’est une vraie maison de campagne, avec des roses grimpantes, un potager, des herbes folles, un étang minuscule et des libellules.
Un bel article sur cet endroit magnifique ! Monsieur R.
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Magnifique billet pour un magnifique parc, ça donne envie d’y aller !
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Il faut (sans faute) avec un crochet par le parc de Sceaux.
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