Hoi An entre ville-musée et Disney Land (Vietnam 4)

L’ancien port de Hoi An, débouché maritime du royaume Cham, était un comptoir commerçant utilisé par les Japonais et les  Chinois, puis par les Européens qui, à partir du 15e siècle, sont venus y acheter des épices, du thé ou de la porcelaine, avant que le port ne s’ensable. Les colons, puis les touristes ont pris le relais, attirés par les vestiges de la période prospère.

 L’Allegro Hoi An,

A l’arrivée à l’hôtel, on nous annonce que nous avons été surclassés. Un nouvel hôtel vient d’ouvrir, qui compte sur les évaluations que les utilisateurs publient dans Trip advisor et autres Booking. Com, pour lancer l’établissement. Nous voici donc à l’Allegro Hoy An, un palace 5 étoiles, soudain accessible aux touristes moyens que nous sommes, situé à moins de dix minutes du centre, dans une rue en cul de sac parfaitement calme.  Hall immense, marbre et carreaux, décor peut-être un peu trop moderne, mais la vaste chambre avec balcon et la salle de bain luxueuse, (baignoire et douche parfaites) ont eu raison de nos chimères exotiques.

 

 

Même l’air conditionné, qui agite doucement les rideaux, est pour une fois bien réglé. Peignoirs et chaussons sont  à disposition pour rejoindre la grande piscine qui est devant l’hôtel.  On pourra  dîner au bord de l’eau en regardant bouger les lanternes.

Hoi An Piscine de l'hôtel0

Le buffet du petit-déjeuner a été le plus abondant et le plus varié de tout notre voyage au Vietnam.  Tout cela ne serait rien sans la qualité de l’accueil. Le personnel s’est rendu compte en contrôlant les passeports que c’était l’anniversaire de notre ami. Au petit déjeuner, un gâteau avec roses de crème Chantilly a été apporté pendant qu’était entonné « Bon anniversaire ».  Surprise totale et émotion ! La chambre a été décorée de pétales de roses et de serviettes pliées en forme de cygne, le vin du dîner offert…

Hoi An. Bon anniversaire20180302_101257

Le soir, Giovanni Rizzi, manager et chef formé à l’école hôtelière de Lausanne, a préparé un joli repas : trois recettes différente de saumon en entrée, une soupe de courge au curry et anis étoilé, un crumble de poisson délicieux et le gâteau que nous avions mis de côté pour le dîner. De temps à autre, il est venu bavarder avec nous et juger de l’effet produit par ses plats. Il nous a raconté son existence de manager d’hôtels de luxe que son métier a entrainé d’une grande ville d’Asie à l’autre, toujours plus loin. Maintenant, il lance cet hôtel à Hoi An. Il est marié avec une jeune femme de Singapour qui est restée dans son pays pour faire fructifier un commerce en ligne. « Naturellement, ça vaut mieux que de venir ici vendre des souvenirs aux touristes », dit G. Rizzi. Il la rejoint pour les weekends parce que c’est la loi des existences mondialisées et cette instabilité n’a pas l’air de le gêner. « J’aime mon métier, dit-il. J’aime faire tout ce que je peux pour que mes clients soient heureux de leur séjour. Seul, je ne pourrai pas. L’important c’est l’équipe, la team. Je ne suis rien sans eux. Et eux, ils ont tout à apprendre de moi ».

Cet accueil s’explique en partie par les besoins commerciaux, mais la très grande gentillesse est exceptionnelle. Les employés de l’hôtel considèrent que nous aider à louer des chauffeurs, à retenir des billets de train… fait partie de leur travail. Ils ajoutent à cette efficacité une amabilité sans servilité qui console de ne pas avoir de relations avec le pays réel. Pour deux nuits, ils donnent l’impression qu’on échange un peu plus que de l’argent et des services et on espère que Giovanni Rizzi se souviendra de nous.

Une Ville-Musée

Nous  partons arpenter les trois rues qui ont valu à la ville un classement au patrimoine de l’humanité. un pont japonais du 16ème siècle, les maisons  de riches commerçants. Hoi An Maison de commerçant

On montre les piliers de bois posés sur une base de marbre pour protéger le bois de l’humidité, des meubles anciens et des autels de famille du 19ème.

HOI AN_Maison Tan KyDSC0326.JPG

Hoi An. mobilier ancien dans une maison de commerçant_DSC0328

On montre aussi les marques des inondations qui expliquent l’organisation des demeures avec des premiers étages où on peut mettre à l’abri les biens les plus précieux.

Outre ces demeures imposantes, des rues entières ont été restaurées avec goût. Nous arpentons la rue Le Loi, la Nguyen Hue. Nous longeons la rivière par la rue Bach. Nous passons le long des boutiques. La plus jolie est la Metiseko où Marie a trouvé une blouse.

Hoi An_quelques toits DSC0333

On voit des temples comme le temple de Quan Cong, un général réputé pour sa droiture. Dans le jardin une montagne miniature et ses bonsaïs.

Hoi An_DSC0319

Le génie qui garde les lieux roule des yeux furieux.

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Et voici une grande scène de bataille.

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Je suis de bonne volonté et je préfére voir les monuments de Hoi An, que de ne pas les voir. Seulement, il fait très chaud. Il n’y a aucun souffle d’air. La chaleur annihile ma capacité de comprendre et d’admirer et je mélange un peu les temples qui se ressemblent, … tous ces dragons extravagants, ces chiens-lions au cou orné de pompons rouges.

Ce jour là, ce qui s’est imprimé dans ma mémoire, ce sont moins les monuments que l’éclat d’un bougainvillier, les couleurs des lampions accrochés au-dessus de nos têtes…

Hoi AN JM 20180302_114129

ou bien le bar au décor colonial qui domine la rivière et où nous avons bu des boissons très fraîches sans parvenir à étancher notre soif.

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Hoi An et les touristes

On vient à Hoi An pour faire la fête.

Des milliers de touristes, aussi bien étrangers que vietnamiens, déferlent sur la ville. Ils font vivre quelques pickpockets, des vendeurs ambulants de peinture sur soie, des vendeurs de cartes postales, des pousse-pousse, des chauffeurs qui tous harcèlent les passants. Quand on leur dit « Non, non, non ! » ils rient et recommencent un peu plus loin. C’est à peine si on peut avancer dans les rues, bien que le centre historique soist interdit à la circulation.

La densité et l’intensité sonore sont telles qu’on est heureux de retrouver notre hôtel calme, un refuge où oublier la foule.

Chaque rencontre est un mensonge. La marchande qui s’avance vers les promeneurs en portant sa palanche n’est pas là pour vendre ses fruits, mais seulement pour proposer de prendre des photos et l’imbécile qui essaie à son tour de poser sur son épaule le balancier au bout duquel pèsent de lourds plateaux remplis doit acquitter le prix de la photo souvenir.

Hoi AN; photo souvenir à la palanche_DSC0294.JPG

Le marché central nous réconcilie avec notre condition de touristes car c’est un vrai marché, magnifique, débordant de couleurs d’odeurs, avec toujours cette abondance d’herbes et de légumes qui émerveille.

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Il y a plein de gargotes où l’on peut déjeuner pour l’équivalent d’un euro de banh xeo une crêpe faite de farine de riz et de curcuma, puis remplie de petites crevettes et de germes de haricots que l’on mange en l’enveloppant comme un rouleau de printemps, en ajoutant des légumes et du papier de riz, puis en le trempant dans une sauce.

Hoi An. resto du marché_DSC0287

La fête des lumières

La lumière devient très douce. Des centaines de lanternes s’allument, qui bougent dans le vent du soir.

Hoi An_DSC0312

Elles éclairent les maisons et les ruelles.

Hoi An_ville illuminee DSC0306

Au bord de la rivière, on vend des lanternes de papier qui emmènent  des bougies au milieu du fleuve.

Hoi AN_DSC0296

Soudain, des flammes douces, surgies de l’obscurité, illuminent la chemise blanche, l’ao dai brodé et les visages de cire de deux amoureux assis dans une barque. Sans doute s’agit-il d’acteurs ou de mannequins que l’on prépare à une séance de photos, et dans le meilleur des cas de fiancés qui ont choisi de conserver un album de photos original,. Qu’importe ! La flamme des bougies les environne d’une lumière si intime, qu’on hésite sur la source qui paraît venir de l’intérieur de leur corps. C’est comme si on voyait un tableau de Georges de La Tour. Et on se souvient de la légende qui est à l’origine de la coutume des lanternes de papier. On raconte qu’un marin est parti en voyage, en laissant sa fiancée. Elle l’attend toujours, et envoie ces messages sur l’eau, pour que le fleuve les emporte jusqu’à l’océan – là où se trouve son amoureux.

Hoi An. JM Le coupleP1030904

Les frêles couronnes qui flottent le long du fleuve emportant les vœux des touristes ont le même  charme qui repose sur les contrastes élémentaires de la nuit obscure et des flammes.

Hoi An. Les couronnes

La féérie est plus violente sur la rive. Les Vietnamiens raffolent des lumières électriques qui parent leurs villes de toutes les couleurs ; à Hoi An, ils font briller les temples et les ponts, ajoutant çà et là un dragon brûlant, un coq resplendissant.

Hoi AN. Le coq

Des chansons remplissent la nuit. Le ruissellement des lumières fait flamber toute la ville.

Hoi An Nocturne20180302_183655

mais la fête est finie, chacun rentre chez soi. Hoi An est sans doute inhabitable (comme Venise, comme Paris qui perdent leurs habitants parce qu’il est plus rentable de louer les appartements aux touristes.

2 réflexions sur “Hoi An entre ville-musée et Disney Land (Vietnam 4)

    • cela fait déjà trois ans que nous sommes allés à Hoy An. De loin, j’ai l’impression d’une ville victime de son succès. Bien sûr ce n’est pas la seule à souffrir du tourisme de masse, mais elle est petite. Il fallait presque jouer des coudes pour visiter les temples… Heureusement, le soir, la poésie des lumières sur l’eau l’a emporté.

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