Ce qui fait la magie du Mont-Saint-Michel, c’est l’alliance de la baie immense, sans cesse remuée par la mer, de l’île de pierre isolée dans cet espace, et du travail des hommes qui lui a donné sa forme de pyramide.

Les rochers de Tombelaine et du Mont saint-Michel, seuls dans la baie, viennent de la poussée magmatique qui a fait jaillir des roches dures des profondeurs de la terre. Alors que les schistes de la baie se sont effondrés, elles sont demeurées. Tombelaine paraît plate, mais le mont se dresse au-dessus des eaux. Il n’est pas très élevé pourtant. La moitié de sa hauteur lui vient des hommes et c’est la flèche de l’abbatiale qui lui donne son élan final.
La magie tient peut-être aussi aux ciels changeants de Normandie. Tantôt, le triangle émerge à peine d’un ciel brumeux au milieu des sables et des vases.


Tantôt, il est couleur de bronze dans le couchant :


ou s’élève très noir dans l’ombre, ensemble compact où l’on ne discerne plus où s’achève la pierre naturelle, où commence l’édifice.

Quand on grimpe vers l’abbaye, la forme pure se change en parcours sinueux, d’abord à travers une petite ville médiévale, entièrement tournée vers le tourisme, ensuite dans l’abbaye, ses volées d’escalier, ses brusques changements de niveaux, ses contreforts, ses tourelles, ses échauguettes, ses hauts murs ornés de gargouilles.
Le soir où nous y étions jusqu’à minuit, par la grâce d’un « parcours nocturne », le chemin labyrinthique ajoutait encore à l’impression de complexité. La visite est fascinante, même si on n’aime pas tout le spectacle et si on trouve que le scénographe a forcé sur les couleurs, noyant les ruelles dans le vert, jouant à l’excès des contrastes entre le bleu électrique du cloître gothique et les vitraux flamboyants de la nef abbatiale, même s’il a ajouté d’inutiles enregistrements de cris de goélands à l’heure où les oiseaux dorment.

Aidé peut-être par le coronavirus qui fait baisser la fréquentation, le parcours permet un long temps tranquille dans le monument débarrassé de la foule et on ramène quelques très belles images de la visite.


Le cloître s’arrête au bord du précipice. La mer est là, en bas, mais la nuit l’a effacée et ne reste que la sensation d’ouverture sur un gouffre.

Le discours d’escorte de l’exposition plus symbolique que dogmatique ou érudit évoque les forces telluriennes qui ont poussé les îles hors du magma il y a 570 millions d’années et veut faire réfléchir à la place des éléments naturels dans tous les grands lieux sacrés de la terre.

La visite est finie. On repart. L’archange de la fin du monde brille sur le faîte du mont.
Très belles images de cette promenade nocturne au Mont Saint Michel.
Mais la mise en scène lumineuse à vocation touristique de l’abbaye ne doit pas faire oublier sa dimension spirituelle et historique.
Haut lieu de pèlerinage pour les chrétiens , c’est aussi au Moyen-âge un grand centre culturel.
Suivant la thèse controversée de Sylvain Gouguenheim » Aristote au Mont Saint Michel » ce sont des moines de l’abbaye qui ont traduit en latin directement du grec des textes d’Aristote.
Cette thèse vise a minimiser l’importance de la médiation arabe dans la transmission de la culture grecque en Occident.
Haut lieu de l’histoire de France, le Mont a été le fer de lance de la résistance française face à l’envahisseur anglais pendant la guerre de Cent Ans, l’Archange Michel devenant le saint protecteur du Royaume au temps des périls.
Après la dédicace du Royaume à la Vierge par Louis XIII, l’abbaye perdra sa place prédominante dans la mémoire monarchique de la France.
J’aimeJ’aime
Oui. C’est le Mont, vu par le petit bout de la lorgnette (l’histoire du Mont, c’est un trop gros morceau pour moi !) J’ai pris le biais de ce nocturne pour dire combien c’était agréable pendant cette période paradoxale de pouvoir visiter de pouvoir visiter ce lieu si célèbre sans qu’il y ait foule ! Bien sûr, c’est une pensée purement égoïste et je n’aimerais pas être à la place de ceux ui vivent des touristes !
J’aimeJ’aime