« Dans chaque mot et chaque lettre, il y a un oiseau aux ailes repliées, qui attend le souffle du lecteur. Et lorsque le lecteur interprète, l’oiseau déploie ses aile… »
Emmanuel Levinas
J’ai une gratitude infinie envers le système de retraite français qui m’offre du temps libre après quarante ans de vie professionnelle. J’en profite pour aller où bon me semble et pour prendre le temps de regarder et d’écouter. Tantôt, je tombe sur un immeuble stupéfiant ; tantôt, j’ai la surprise de découvrir des œuvres intrépides au milieu des graffitis d’un mur de banlieue. À Paris ou ailleurs, je revois des merveilles que tout le monde connaît, je cours à de grandes expositions, mais je découvre aussi des recoins et des rues à l’écart. Je voudrais restituer le côté contradictoire des villes d’aujourd’hui, à la fois muséifiées et modernes, permanentes et éphémères, et je voudrais raconter les perceptions différentes des personnes qui s’y côtoient.
J’ai pris l’habitude de prolonger parfois mes promenades par des billets associant textes et photos, que je mets en ligne sur ce blog. Je n’écris pas un journal intime. J’utilise le blog comme un aide-mémoire, une archive de moments fugitifs où comptent, autant que les monuments remarquables, le temps qu’il a fait, les textes que j’ai lus et qui ont fait écho à ce que j’ai vu ou encore aux paroles des habitants, touristes, commerçants… que j’ai croisés. Certaines personnes se sont confiées ; pour d’autres, j’ai noté des phrases à la volée alors qu’elles vivaient leur vie ordinaire.
Le format du blog me plaît : il a changé ma façon de me promener, m’a poussée à multiplier les détours, à lever la tête pour voir des détails urbains que je n’aurais pas regardés avant. A Paris, par exemple, le blog m’a transformée, l’espace de quelques promenades, en « ethnobotaniste des plantes en pots » et intéressée aux végétaux des balcons. La flânerie se prolonge lorsque je reviens chez moi. Je vérifie des noms ; je complète ce que j’ai vu et entendu par des textes produits par des spécialistes ou par des écrits qui circulent sur le net. Ces va-et-vient entre les lieux matériels et les lieux écrits nourrissent la rêverie, reconfigurent les villes et les pays, contribuent à en construire le sens.
J’aime aussi les échanges, encore trop rares, que suscite cette forme légère d’écriture. C’est Mariagrazia Margarito qui m’a donné envie de m’intéresser au latin qui perdure dans l’espace public, c’est le savant Louis Musard qui travaille systématiquement sur des inscriptions latines parisiennes qui a heureusement rectifié une erreur. Ces échanges ont donné envie à Mat Pires de m’envoyer un texte sur la farce d’inconnus qui, un beau jour, ont mis de faux noms latins à toutes les rues du Quartier Latin, nous invitant ainsi à retrouver Lutèce derrière Paris. Ainsi, ai-je parfois l’impression d’appartenir à un groupe instable de flâneurs amoureux des villes.
J’espère en tout cas qu’au fil de ces petites chroniques se construit quelque chose des bonheurs et des difficultés de nos existences urbaines d’aujourd’hui.
Bonjour, vos textes m’enchantent, à titre personnel, mais aussi professionnel. Le ton, la complexité du sujet (architecture) et la simplicité du discours. La curiosité que vous éveillez.
J’espère avoir l’occasion d’échanger avec vous.
Sincèrement,
Olivier
J’aimeJ’aime
J’ai beaucoup de plaisir à écrire mes petits billets, mais j’ai souvent peur de lasser mes lecteurs : textes trop longs, sans buts bien définis, trop ou pas assez techniques, trop vite écrits…. Alors évidemment votre commentaire m’a touchée et convaincue qu’il y a une petite place pour les flâneurs touche-à-tout.
J’aimeJ’aime
J’aime bien votre blog.
J’aimeJ’aime
Merci pour le compliment. J’aime bien le format du blog entre carnet de notes et moyen d’échange, proche de la conversation !
J’aimeJ’aime
Merci pour mon village et Carbini !
J’aimeJ’aime
Je suis heureuse si les quelques lignes que j’ai consacrées à Carbini vous paraissent rendre justice à la beauté du village et des paysages de l’Alta Rocca
J’aimeJ’aime