Moscou (2) Chanter est une fête

Le centre Khorochevo

Le centre Khorochevo est une sorte de conservatoire privé où l’on accueille des enfants dont l’âge varie de 3, 4 ans jusqu’à l’adolescence. C’est aussi là que des personnes âgées viennent chanter en chœur. La directrice et Svetlana Lebedela nous montrent quelques classes où de charmantes petites filles à nattes ou à chignon, des garçons, plus rares, apprennent à peindre, à faire de la poterie, à interpréter des saynètes, à chanter, à danser, à parler anglais…

Les professeurs ont tous souligné que leur but est aussi d’inculquer des valeurs patriotiques à leurs élèves. Personne n’a relevé. Il est clair qu’on ne plaisante pas avec le patriotisme dans ce pays, mais que veut dire au juste ce mot ?

Centre Khorochevo. Atelier de peinture
Centre Khorochevo.

Nos hôtes expliquent qu’il n’y a ni tri à l’entrée ni examen de fin d’année. Les cours sont collectifs et le résultat de fort bon niveau, pour autant qu’on puisse s’en rendre compte. Les cours sont payants pour une partie des élèves et j’aurais aimé savoir si la somme était importante et si le tri social qui en découlait était sévère, mais l’atmosphère ne se prêtait pas à ce genre d’enquête. Ce qui est visible, c’est que les enfants sont disciplinés et qu’ils ont l’air très contents de s’exercer et de montrer ce qu’ils savent faire.

Centre Khorochevo. Chants populaires
Centre Khorochevo. Danse populaire
Centre Khorochevo. Danse populaire

La chorale moscovite a cuisiné pour nous des beignets (pirojki) aux choux ou à la pomme, acheté des bonbons au chocolat dont les Russes raffolent et préparé des gâteaux :  « Tous à table, crient les grand-mères! Mangez ! Mangez ! Il ne faut rien laisser ». L’atmosphère est chaleureuse. Je ne parle pas russe… Mon petit bagage s’est défait l’an dernier quand j’ai interrompu des efforts trop récents. Je peux évidemment acheter quelques bricoles, me présenter… La pauvreté de mes connaissances empêche tout échange réel, mais on se regarde avec intérêt, on montre des photos de petits enfants, on dit qu’ils sont beaux.

Le concert des deux chorales

Le mercredi matin est occupé par une répétition (catastrophique !).  Nous devons chanter une dizaine de chansons sentimentales des années 30, des airs patriotiques et des chansons cosaques, mais tout nous perturbe, l’acoustique de la salle, les entrées et les sorties, les réprimandes justifiées de Svetlana et de son fils, la coordination avec l’autre chorale puisque nous chantons deux chansons ensemble. Il faut maîtriser les micros, puis rentrer dans le rang à reculons en faisant de grands sourires au public. Rien n’est facile et notre cheffe de choeur s’inquiète.

A la fin, la chorale russe offre de jolis foulards aux Françaises et des casquettes aux garçons. Une des choristes, Marie-Christine, nous fait crier trois fois « Hourra ! » ce qui est le maximum qu’on peut attendre de Français compassés !

Le lendemain en fin d’après-midi, c’est notre concert. Les vieux copains des choristes moscovites sont venus les écouter. Ils connaissent notre répertoire. Même si j’essaie de ne pas focaliser mon attention sur les mêmes spectateurs, je les vois fredonner en même temps que nous ou bien taper en rythme dans leurs mains. Nous sommes portés par leur bienveillance et notre prestation est applaudie.

Nous partons fêter la soirée dans un restaurant boîte de nuit géorgien.

On boit trop en portant des toasts à nos futures performances, à la beauté des femmes, à l’amitié, à l’avenir, … Notre vis-à-vis insiste pour que le Français boive cul sec lui aussi comme un homme.

On chante comme des fous, on mange, on danse…Nous sommes vaguement ivres, très euphoriques. De Moscou, les Parisiens m’apparaissent comme des gens coincés, qui se plaignent tout le temps, comme s’ils étaient déterminés par un malheur social qui les empêchait de profiter de la vie, tandis que les Moscovites visiblement moins aisés que les Français rigolent de tout, bien décidés à faire la fête dès qu’il y a une occasion !

Le dimanche, les festivités recommencent. Des chorales venues d’un peu partout viennent chanter un numéro, écouter un grand discours et leur chef reçoit un trophée sous les applaudissements. A la fin de la distribution des prix, nos chorales franco-moscovites se mélangent pour chanter une dernière fois notre chanson commune, Fsio ichio pieredi dans un par cœur approximatif… Et puis, c’est fini. On se dit au revoir. On promet d’envoyer des photos, mais pour cette fois, c’est fini, on va se quitter, chers compagnons de chant !

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