En descendant le boulevard Raspail

Nous nous étions retrouvés à l’initiative de  Francine pour une balade en ville sous le ciel gris de janvier. II s’agissait de descendre le boulevard Raspail depuis la place Denfert-Rochereau, jusqu’à la rue de Sèvres pour admirer le Paris art déco, mais chacun avait ses raisons d’ajouter un grain de sel. Alain qui s’intéressait aux mouvements révolutionnaires et à la dernière guerre, Elisabeth et Roger dont c’était le quartier et qui pouvait en raconter chaque pierre… ou moi, contente d’ajouter une étape au tour de l’enceinte des Fermiers généraux en rendant visite aux deux pavillons identiques conçus par Claude-Nicolas Ledoux pour fermer la porte d’Enfer. (passagedutemps.wordpress.com/2019/11/14/suivre-le-mur-des-fermiers-generaux-de-la-place-de-lile-de-la-reunion-aux-pavillons-de-bercy)

Place Denfert Rochereau : le lion de Belfort

Le boulevard Raspail correspond d’ailleurs dans sa première partie à l’ancien chemin qui longeait le Mur des Fermiers généraux.

En 1879, jouant sur l’homonymie, la place d’Enfer a pris le nom du gouverneur de Belfort, Denfert-Rochereau, qui a résisté 104 jours au siège des Prussiens pendant la guerre de 1870, obtenant à la fin du siège que Belfort reste française. Au centre de la place, le lion en plaques de cuivre repoussé, sculpté par Auguste Bartholdi (le sculpteur qui a réalisé la statue de la Liberté offerte à New-York)  rappelle la gigantesque sculpture en grès du même Bartholdi installée à Belfort…

Ce dimanche de janvier 2020, ce sont les féministes qui utilisent le socle de la statue comme support afin d’ajouter aux droits de l’homme la protestation féminine contre l’injustice.

Justice pour les femmes. Affiche apposée sur le socle du Lion de Belfort

Propylées de Ledoux (3)

Pour la barrière d’Enfer qui était une des principales voie d’accès à Paris, Ledoux a agrémenté ses façades néo-classiques d’arcades en plein cintre, et de frises de danseuses sculptées par Jean-Guillaume Moitte et inspirées par le cortège des Panathénées de l’acropole d’Athènes. Au temps des Fermiers généraux, le centre de la chaussée était occupé par la barrière de l’octroi qui fermait l’entrée de la ville. Aujourd’hui, un des pavillons donne accès aux Catacombes ; l’autre, au Musée de la Résistance récemment déménagé à cet emplacement, car les catacombes étaient un PC de la résistance. Au moment de la libération de Paris, entre le 20 et le 28 août 1944, le colonel Rol-Tanguy commandant régional des FFI et son état-major s’y étaient établis.

Pavillon Ledoux. Place d’Enfer Rochereau. La frise

Monument à Raspail dans le square Jacques Antoine

Alain fait remarquer le socle vide du monument créé en 1889 en hommage à François Vincent Raspail, chimiste et héros du suffrage universel. La statue a été fondue en 1942 sur ordre de Pétain pour contribuer à l’effort de guerre des Allemands. Elle n’a pas été remplacée comme si notre République n’avait plus rien à faire de ses glorieux fondateurs.

https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/monument-a-raspail-paris-14e-arr/ Musée d’Orsay. Fonds Dubuisson)
Monument à Raspail. Musée d’Orsay. Fonds Dubuisson
socle du Monument de Raspail. Le médecin des pauvres
Socle du Monument de Raspail. Le médecin des pauvres

Deux bas-reliefs de l’auteur de la statue, Léopold Morice, subsistent. Sur une face, Raspail est représenté en médecin. L’inscription rend hommage au savant, auteur de l’Essai de chimie microscopique (1830) du Nouveau système de chimie organique (1833), du Nouveau système de botanique, publié en 1837 et de l’Histoire naturelle de la santé et de la maladie en 3 volumes, résumés sous la forme d’un manuel, Le Médecin des familles en 1843 : «  A la science hors laquelle tout n’est que folie, A la science l’unique religion de l’avenir ». L’optimisme rationaliste de Raspail et de son temps contrastent avec la vision apocalyptique de fin du monde, qui s’impose aujourd’hui, même si les dénonciateurs du progrès changent d’avis dès qu’il s’agit de leur santé. Le bas-relief montre le médecin visitant un malade dans sa pauvre demeure.

De l’autre côté du socle, le sculpteur a évoqué le militant qui a payé de sa personne tout au long de sa vie: quinze mois de prison et 500 francs d’amende pour « offense au roi » en 1832 ; deux ans de prison et cinq ans de « surveillance » en 1835. Il occupe sa détention en écrivant  un plaidoyer pour une réforme pénitentiaire dans ses Lettres sur les prisons (1839). Il dénonce aussi le travail dans les manufactures « où trop de gens meurent avant l’âge ».

Raspail proclamant la République devant l’Hôtel de Ville en 1848

Le bas-relief montre Raspail, le 22 février 1848, proclamant  la République. Il est cependant arrêté dès mai 1848 pour avoir participé à des manifestations et est condamné à six ans de prison en 1849. Elu député de Paris en septembre, il se présente du fond de sa prison à l’élection présidentielle de 1848 (élection remportée par Louis Napoléon Bonaparte). Libéré en 1853, il s’exile en Belgique. Rentré en France en 1863, il est élu député de Marseille en 1866, et réélu dans les Bouches-du-Rhône en 1869…. En 1871, Raspail fustige la répression contre la Commune de Paris et est à nouveau condamné à deux ans de prison. En 1876, alors qu’il était âgé de 82 ans, Raspail est élu député de Marseille. Comme doyen d’âge, il présida la séance d’ouverture de la nouvelle assemblée. Il demande en vain l’amnistie des communards, qui intervient quelques années après sa mort. Il décède en 1878.

Cet homme incarne plus que d’autres le courage politique et la générosité et je regrette qu’on ne connaisse plus son histoire et qu’on soit incapables de remettre une statue sur le socle de son monument.

La mémoire des brasseries de Montparnasse : la Rotonde et la Coupole, le Dôme, le Bar à huitres…

« – Et bien à quoi vous fait penser la Rotonde, demande Francine ? » Joli clivage mémoriel ! Les uns se rappellent Chagall, Braque, Apollinaire, Satie, Debussy… ou Aragon et même Trotski qui y venaient souvent. Les autres, la fête donnée par Emmanuel Macron pour fêter sa victoire au premier tour de la présidentielle de 2017. La soirée donne lieu à une première polémique lancée par les réseaux sociaux et est associée à la fête donnée par Nicolas Sarkozy au Fouquet pour célébrer son élection. La soirée d’Emmanuel Macron symbolise désormais l’injustice de l’ordre social qui « permet aux puissants de bâfrer alors que le peuple se sert la ceinture ! ».

Francine dit que Simone de Beauvoir est née juste au-dessus de la Rotonde et je découvre ainsi qu’elle a passé presque toute sa vie dans ce quartier.

La Rotonde

La Rotonde, La Coupole, Le Dôme, la Closerie des Lilas… leurs noms dansaient dans la tête des provinciaux des années soixante quand ils arrivaient à Paris. C’est à la Coupole que j’ai goûté pour la première fois des huitres au champagne (à titre d’invitée car je n’aurais pas pu payer).  On murmurait que Sartre avait son rond de serviette à la table numéro 149 et on pouvait voir de loin des membres du gouvernement de la République espagnole en exil (Gobierno de la República Española en el exilio). Ces vieux militants ne sont rentrés en Espagne qu’en 1977.

Ce 18 janvier, la brasserie a été endommagée à la suite d’un incendie volontaire : les vitres ont été brisées et des matériaux incendiaires lancés à l’intérieur. L’enthousiasme que les incendiaires ont dû ressentir se reflète dans certains commentaires sur les réseaux sociaux, qui justifient la violence de rue comme réponse aux politiques néolibérales ou clament leur détestation de lieux qui ne bénéficient qu’aux riches. Cette violence émeutière porte sur une brasserie qui n’incarnait pas spécialement le luxe (à la différence du Fouquet) avant qu’Emmanuel Macron n’y invite son équipe de campagne. Le président Hollande y avait d’ailleurs fêté le 16 octobre 2011, sa victoire au soir d’une primaire socialiste. L’incendie montre surtout l’intensité de la détestation dont l’actuel président peut être l’objet, puisqu’un endroit qui lui est associé devient un objectif à détruire. Ce simulacre de justice sociale reste limité, et, faute de changer l’ordre du monde, les révoltés se satisfont du spectacle d’un café en feu. Le vieux Monde ne brûlera pas.

De l’autre côté du boulevard Raspail, un restaurant de poisson est installé à la place du bal de la Grande Chaumière où les étudiants du quartier latin venaient danser le quadrille dans le premier 19e siècle, avant qu’on ne renomme la salle Le bal Bullier… Aujourd’hui ne viennent que les touristes qui se souviennent du Montparnasse des romans, disparu à son tour dans les années 50.

Quelques statues

Une fois dépassée la frontière du boulevard Montparnasse, au milieu du terre-plein, voici le bronze puissant du  Balzac de Rodin.

Le Balzac de Rodin

Plus bas, dans un square tout près de la prison du Cherche Midi, à présent remplacée par la Maison des Sciences de l’Homme, où fut détenu le capitaine Dreyfus, sa statue. Elle fut commandée par Jacques Lang à l’artiste Tim qui a su trouver un symbole frappant. Le capitaine a ramassé son sabre brisé lors de la cérémonie de dégradation pour cause d’espionnage et le tient devant son visage, le présentant ainsi fièrement à la foule. Ce retournement du stigmate, bien théorisé par le sociologue E. Goffman, consiste à arborer l’objet de son humiliation publique et à se l’approprier comme un symbole identitaire de résistance.

Immeubles art nouveau

C’est le charme des promenades de faire voisiner la grande histoire et la petite ; les sculptures de premier plan d’un Rodin ou d’un Dreyfus et celle des immeubles bourgeois du quartier.

Mascaron (croisement Raspail Montparnasse)

D’innombrables façades offrent au passant les décors charmants de l’art nouveau. Au n°276, un immeuble de Théodore Bigot, avec des bas-reliefs de Derré qui évoquent les trois âges du couple et le rôle dévolu à la femme après son mariage. Dans l’imaginaire bourgeois, la saison de l’amour dure bien peu et laisse toute la place à la mère et à l’infirmière.

276 boulevard Raspail. L’amour.. Bas Relief de Théodore Derré
La Maternité; bas-relief de Théodore Derré au 276 boulevard Raspail.
Derniers instants. Bas-relief de Théodore Derré

Le célèbre immeuble du 31 rue Campagne Première (dont le nom rappelle le passé rural) a été construit en 1911 en béton armé par l’architecte André Arfvidson (1870- 1935)  et a été primé au concours des façades de la Ville de Paris en 1911. La façade est revêtue d’un carrelage en grès flammé réalisé par le céramiste Alexandre Bigot.

31 rue Campagne Première.

Au numéro 247 du boulevard Raspail, se trouve le passage d’Enfer, aujourd’hui fermé par des grilles, qui débouche rue Campagne Première. La Cité d’Enfer a été construite sous le second Empire en application du décret de 1852 relatif à l’amélioration des habitations ouvrières. Le propriétaire s’engageait à utiliser des matériaux de bonne qualité et des services communs étaient installés (lavoir, chauffoir, bain, garderie d’enfants). L’architecte Félix Pigeory (1806-1873), inspecteur des travaux de la Ville de Paris, et qui s’intéressait aux lotissements ouvriers de Paris, a supervisé les premières réalisations.

Passage d’Enfer. Arrière du 31 rue Campagne Première (notez le garde-manger sous la fenêtre)

Les carreaux blancs, ocre et bruns de Bigot correspondent à l’arrière du 31 et 31 bis de la rue Campagne première. Le reste du passage d’Enfer est constitué de modestes habitations de plâtre, mais les lieux plongés dans le silence n’ont plus rien de prolétarien ; aucun enfant n’y joue. Les habitants des beaux quartiers ne font plus d’enfants.

Au 26 de la rue Vavin, nous admirons, l’immeuble en gradins  carrelé de blanc et de bleu, conçu par Henri Sauvage et Charles Sarrazin pour faire entrer l’air et la lumière dans des appartements destinés aux ouvriers. (Au 13 rue des Amiraux dans le 18e arrondissement, à la fin des années 20, les architectes ont suivi le même modèle et ils ont réussi à installer une piscine, la célèbre piscine des Amiraux). Un matériau résistant,  d’entretien facile (la pluie le lave !), aurait dû faire le succès de la formule. Seulement, plus les étages montaient, moins le nombre de mètres carrés disponibles était important. Les actionnaires ont réalisé que leur profit ne serait pas important. Ils ont enterré le projet de Sauvage et ce sont les bourgeois qui achetèrent des appartements où il était possible d’installer des jardins suspendus.  Ce 17 janvier, Roger nous signale qu’un appartement du premier étage vient d’être mis en vente, au prix de 2 850 000 euros (Agence Vaneau Luxembourg).

Immeuble Sauvage. Rue Vavin.

Le thermomètre avait beau indiquer 10 degrés, des rafales de vent nous ont glacés pendant qu’on essayait d’avaler un déjeuner rapide sur les bancs du square Yves Klein. A la fin du repas, nous claquions des dents. Nous nous sommes réfugiés au Typographe. Le garçon s’est penché compatissant pour prendre nos commandes de vin chaud.

De retour sur le boulevard Raspail, nous croisons la rue Huysmans. Au numéro 1, les belles courbes ornées de vignes d’un immeuble.

Rue Huysmans. Brandon et Sartorio architecte et sculpteur

La couleur est la grande absente des rues du Paris bourgeois, mais comme un homme qui ornerait son costume sombre d’une discrète pochette de couleur, l’architecte Wallon a rompu la sobriété de l’immeuble du numéro 71, en s’octroyant la liberté d’un décor de céramique vert et de courbes provocantes en forme de coquille au dernier étage. Cette fantaisie reste invisible sauf pour le passant qui marche le nez en l’air.

71 boulevard Raspail

Presqu’en face du Lutetia le central téléphonique de Jules Godefroy et sa devise latine Vox clamans per orbem (une voix qui retentit à travers le monde, variation sur la formule de Jean-Baptiste « La Voix qui retentit dans le monde »). Plus trivialement, le bâtiment rappelle le temps où pour mémoriser les numéros nous disions Babylone 23-18, Littré 23 18 (le préfixe à composer ne retenait que la première syllabe : BAB, LIT). Quand avais-je l’âge de ces indicatifs téléphoniques, évocateurs des quartiers de Paris ? C’était il y a très longtemps ! Les derniers flottent encore dans ma mémoire, mais ils sont de plus en plus lointains.

Au numéro 45, à l’angle de la rue de Sèvres, l’hôtel Lutetia a rouvert. C’est un hôtel Art nouveau, construit en 1910 à l’initiative de Madame Boucicaut, (apprentie blanchisseuse à 13 ans qui crée avec son mari le premier des grands magasins, le Bon Marché, dont elle devient propriétaire à la mort de ce dernier. Elle lègue toute sa fortune à des œuvres sociales et à ses employés. Emile Zola a décrit l’épopée du Bon Marché dans Au Bonheur des Dames). Femme d’affaire avisée, elle a  conçu le Lutetia « afin que ses importants clients de province fussent logés dans un établissement tout proche et correspondant à leur train de vie, quand ils venaient faire leurs courses à Paris ». Le bâtiment est trop majestueux pour être sublime, mais suffisamment fastueux pour correspondre aux rêves de riches touristes allemands, japonais ou américains…

Hôtel Lutetia

Les visiteurs d’aujourd’hui savent-ils qu’ils fréquentent un lieu où Gide a vécu, à l’année, où Consuelo et Antoine de Saint Exupéry se sont aimés en 1936, où Albert Cohen a dicté Belle du Seigneur en 1937, où Charles de Gaulle se rendait lorsqu’il passait à Paris…  Connaissent-ils son passé noir pendant l’occupation allemande ?. Le service de renseignement et de contre-espionnage de l’état-major allemand et la police secrète militaire y avaient installé leur quartier général. Combien de ces riches visiteurs savent qu’à la Libération, le propriétaire de l’hôtel a dû mettre à disposition le Lutetia pour accueillir les déportés à leur retour des camps de concentration ? Du moins, une plaque posée à l’extérieur de l’hôtel rappelle cet épisode. En revanche, les actuels propriétaires, se refusent à honorer les résistants allemands qui se réunissaient en 1935 autour d’Heinrich Mann essayant de monter un mouvement de résistance contre les nazis. Il ne faut sans doute pas chercher d’intentions politiques précises derrière ce refus. Plutôt le refus des sujets tragiques… Paris est une fête n’est-ce pas ?

Au n°54  à l’angle avec la rue du Cherche-Midi, la Maison des Sciences de l’Homme (MSH) a aussi réemménagé après des années de désamiantage. Construite à l’emplacement de l’ancienne prison du Cherche-Midi, elle avait été installée au début des années 1960 sous l’égide de l’historien Fernand Braudel afin de rassembler des chercheurs en sciences humaines. Les architectes M. Lods, H. Beauclair, P. Depondt, et A. Malizard arch.(1968-1970) avaient conçu un bâtiment aux façades de verre et de métal, ce qui obligeait à employer une climatisation bien malcommode…Mais qu’importe, les inconvénients de la climatisation. Des chercheurs du monde entier débarquaient à la MSH autant pour l’intérêt de ses programmes de recherche internationaux que pour la cafeteria accueillante où on était sûr de trouver toujours quelqu’un pour discuter et pour sa magnifique bibliothèque bien pourvue de revues en langues étrangères.

Un petit tour dans la rue de Sèvres jusqu’à l’ancienne station électrique destinée à répartir l’énergie nécessaire au métro (P.Friesé Arch.1910) transformée en espace d’expositions de la Fondation EDF. En janvier, on découvre dans l’obscurité une couvée de 7 œufs géants de marbre noir protégée par un nid de bambous géants. Une œuvre tout simple de Nils Udo. simple et très efficace.

Le Nid de Nils Udo. Fondation EDF

Au 29 rue de Babylone, nous rendons visite au jardin de Catherine Labouré (du nom d’une religieuse qui vivait au 19ème siècle et que l’église a béatifié pour sa vie exemplaire chez les Lazaristes et pour ses visions de la Vierge révélés à son confesseur. Catherine Labouré avait obtenu que soit frappée une médaille miraculeuse, encore populaire aujourd’hui. D’origine paysanne, dure à la tâche, elle correspond comme Bernadette Soubirous à l’exaltation des vertus d’obéissance et d’humilité et à la dévotion mariale que soutiennent encore certains catholiques. La femme soumise et souriante. La femme idéale ! Le square actuel est l’ancien potager de l’hospice des Incurables construit au 18e siècle, devenu hôpital Laennec, avant d’être fermé et vendu à des assurances.  Malgré le froid, des enfants couraient sur les pelouses. Le ciel était encore clair, mais bientôt la nuit commencerait à tomber. Une branche d’arbuste en fleurs dans le passage qui nous ramène vers la rue Vanneau comme une promesse de printemps japonais à moins que ce ne soit une dernière trace de l’automne.

Dernière image sur un mur de l’ancien hôpital des Enfants malades, un portrait de fillette réalisé par le Portugais Alexandre Farto (il  signe VHILS) dont l’art est une sorte de quintessence de l’art de rue, car il sculpte littéralement de vieux murs. Il les défonce à coups de marteau piqueur, grave les détails au burin… faisant peu à peu apparaître les visages enfermés dans la pierre. L’enfant émerge à peine de l’intérieur du mur ; les lignes de son visage se confondent encore avec les craquelures du béton, mais elle est délivrée, ramenée à la surface.

VHILS (Necker enfants malades)

Quelques titres 

Assouline, Pierre, 2005, Lutetia, Paris, Gallimard.

Dumont, Marie-Jeanne Le Logement social à Paris 1850-1930 : les habitations à bon marché, Paris Editions Mardaga

Dansel, Michel, Le Guide du promeneur 14è arrondissement, Paris, Parigramme.

Hayat, Samuel, 2014, Quand la République était révolutionnaire : citoyenneté et représentation en 1848, Paris, Éditions du Seuil, présentation en ligne [archive]), [lire en ligne [archive]], [sur Cairn.info [archive]].

Hazan, Éric , 2009, LInvention de Paris, Le Seuil.

Hillairet, Jacques, 1985, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Editions de Minuit.

Raspail, Simone, Dubief, Lise & Carbonnier Marianne, 1978, François-Vincent Raspail (1794-1878), Catalogue de l’exposition de la Bibliothèque Nationale, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65339008/f64.image

https://passagedutemps.wordpress.com/2019/11/14/suivre-le-mur-des-fermiers-generaux-de-la-place-de-lile-de-la-reunion-aux-pavillons-de-bercy)

https://passagedutemps.wordpress.com/2019/11/18/la-rotonde-de-la-villette/

Et bien sûr Wikipedia….

6 réflexions sur “En descendant le boulevard Raspail

    • Oui ! J’ai laissé de côté le beau bâtiment de Jean Nouvel en pensant qu’il méritait un billet à lui tout seul et qu’il m’écartait un peu du Paris Art Nouveau lié à Raspail. Mais j’aurais vraiment dû le mentionner (d’autant que j’ai évoqué la fondation EDF et la Maison des Sciences de l’Homme !) Dans quelques temps, j’aimerais faire un tour dans les résidences de la Cité Universitaire. Vous les connaissez ?

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