Quelle différence entre avant où l’espace était ouvert et aujourd’hui ? Nous passons des heures à regarder le petit monde miniature qui nous entoure et nous découvrons qu’il est aussi riche en épopées que les forêts d’Amazonie : de minuscules plantes à fleurs blanches et vertes ont poussé en trois jours sur le balcon et s’apprêtent à étouffer la menthe. Pareille à un dieu de l’Olympe, je suis intervenue pour arrêter cette guerre féroce en exterminant les nouveaux arrivants.
Il y a quinze jours, nous observions les boutons de la clématite.

D’un coup, le printemps a poussé toutes les fleurs à s’ouvrir en même temps. Elles sont somptueuses. Pour qui se déploie cette explosion bleue ?

Il y a quinze jours, les arbres de la rue étaient gonflés de bouquets d’or. Depuis, le feuillage a pris une teinte plus sombre.


et le merle chante tard dans la nuit pour sa femelle.
On ne connaît que ce qu’on prend le temps de regarder et la puissance de rêve de quelques pots de fleurs devient énorme pour peu qu’on rapproche le regard.
Pour être honnête, l’émotion que me procure mon petit royaume s’épuise au long de la journée et quand le soir tombe je n’aspire plus qu’à la délivrance
Oui, nous regardons plus près de nous et autour de nous au lieu de regarder au delà des frontières.
Le soi prend plus d’importance et le proche de soi aussi. Cela me fait un frôle d’effet de voir autant de voitures!
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Oui, mais elles sont toutes à l’arrêt (dans les contre-allées). On peut marcher au milieu de la rue pour éviter de croiser les passants de trop près !
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Merci pour ces clématites qui soudain enchantent le regard.
Il a un merle mais aussi, si on écoute bien un pinson, le matin et le soir.
En attendant la merveille des bandes de martinets.. qui ne vont pas tarder à arriver début mai.
Et alors, le ciel s’emplit de cris, de sarabandes ailées qui, le soir viennent jusqu’à frôler les fenêtres.
C’est le début de l’été.
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De mes je fais l inventaire des boutons éclos des nouvelles fleurs des massifs en bas de chez moi
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Un jardin parfumé, bruissant d’abeilles, plein de lumières… on en rêve. Surtout au temps des iris et des pivoines.
Sonia
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Ca y est, les martinets ont commencé d’arriver avec toujours la même ponctualité, insensibles , semble t-il au dérèglement climatique.
‘Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison .
Tel est le coeur.
Il dessèche le tonnerre. Il sème dans le ciel serein.
S’il touche au sol, il se déchire.
……
René CHAR
Fureur et mystère
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Merci pour cette belle citation de René Char. Moi aussi, j’ai vu un martinet (mais un seul) qui tournoyait dans l’orage pendant qu’une amie me téléphonait. « Ce n’est pas notre faute si cette maladie nous tombe dessus. Nous n’avons pas à être punis, et pourtant quelle tempête s’est abattue sur nous ».
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Par peur de mourir, nous avons renoncé à vivre comme si la vie n’était pas un risque permanent.
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Encore merci Sonia pour vos textes et vos belles photos.La menthe est capricieuse et même si elle est dans un pot, on ne sait jamais exactement comment elle va se « déplacer » d’un bord à l’autre du pot. La menthe est nomade, à sa façon.
En Italie nous vivons depuis 2 jours ce que la France va vivre prochainement, le 11 mai. Ici départ prudent, pas encore le cris de joie et de libération, pas encore les accolades et les embrassades ni les poignées de mains ou la petite claque sur les épaules, mais jogging dans les parcs et jardins, à 2 mètres de distance des autres, sports individuels seulement. Les grandes usines ont repris le travail, plus de voitures donc, difficultés avec les transports en commun où la distanciation sociale (masques obligatoires, gants) est un vrai grand problème. Les écoles de tout niveau ne rouvriront qu’en semptembre. Pour ces mois de printemps et de début d’été cours et examens (bac compris) en ligne, via Skype ou autres plateformes permettant la mosaïque etc. Les universités probablement à partir du 18 mai n’ouvriront en présenciel que les laboratoires où l’être humain et sa physicité sont non négociables. Pour le reste, les universités comme les écoles.
Pendant ces 3 jours nous avons été plutôt raisonnables, mais l’Italie est longue… et connaît des climats et des situations géographiques et historiques extrêmement différents. On a publié les pourcentages des décès rapportés à ceux de l’année dernière, et certaines données font dresser les cheveux sur la tête. Bergame (ah, la belle ville, Bergame d’en haut et Bergame d’en bas) et petites villes avoisinantes ont eu (jusqu’au moment où j’écris) une augmentation de décès de cinq cent soixante-huit pour cent (je l’écris en toutes lettres, tellement c’est énorme); Rome et environs moins dix pour cent. Certaines régions du sud et du centre sud, covid inconnu. La grande crainte est la contagion de ces villes et régions et îles privilégiées jusqu’à présent: si même une petite et prudente libération (vivent le soleil, les plages, les forêts , les villages juchés au sommet des collines…) engendrait une contagion plus importante ou tout à fait nouvelle, le système sanitaire de ces endroits n’aurait pas les moyens, les hôpitaux, les lits, les casques à oxygène que les villes du nord, avec l’aide et le générosité de tout le monde ont pu mettre sur pied, dans la détresse, l’angoisse, la peur, le dévouement du personnel soignant. Je ne m’attarde pas sur les tampons et autres autres analyses: c’est un problème commun de presque tous les pays.
Mais la vie quotidienne a aussi des moments charmants et tendres, même (surtout, peut-être, parce qu’on les remarque davantage) à l’époque covid-19. En faisant la queue sur le trottoir devant un bureau de poste, centre ville de Turin, sur les murs où défilera chaque jour la queue, un amoureux repenti a collé plusieurs feuilles (format A4) où on lit: « Je t’aime Debora. Pardonne-moi ». Et les mêmes pages se trouvent le long du parcours d’autres queues absolument probables: pharmacie, supermarché, boulangerie… Que dire, vive l’amour et la crainte de ne pas être pardonné, plus forte et plus importante que le covid!
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Chère Mariagrazia,
Oui, nous regardons du côté de l’Italie, pour y lire notre futur, et nous voyons que les choses ne se passent pas trop mal . Si tout va bien la coronavirus est une maladie saisonnière. La prochaine fois, j’imagine que l’Etat la laissera tuer en demandant poliment aux gens de mettre les masques qui auront été stockés.
J’ai peur de la sortie. Beaucoup de gens se font des illusions en rêvant d’un monde nettoyé de ses défauts. Il risque d’être seulement très difficile pour les plus « vulnérables » comme on dit en ce moment. Mais vous avez raison. Il y a les moments de grâce. Guillaume Martigné a joué son dernier concert. La petite chorale russe a réussi à enregistrer une chanson à 13, grâce aux portables et nous étions très contents d’avoir réussi à chanter ensemble séparés…
Le 12 mai, je compte me sauver à Fontainebleau dès le matin. J’espère que des milliers de Parisiens n’auront pas la même idée en même temps. Ce sera sans doute plus difficile de reprendre le métro !
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