Un concert quotidien sur le palier. Guillaume Martigné par temps de coronavirus (coronavirus1-avril 2020)

Il y a quinze jours, on s’est enfermés sans y croire. Il a fallu que le fils d’une amie tombe sérieusement malade pour que notre insouciance s’en aille et qu’on comprenne que le confinement n’était pas là pour nous protéger, nous, mais pour protéger les autres dans un pays qui ne produisait ni tests, ni masques alors que le marché international ouvert empêchait de se fournir au dernier moment.

Les réseaux sociaux ne décolèrent pas et parlent de haute trahison tant l’exécutif a tardé à procurer au pays de quoi lutter efficacement contre l’épidémie. La réponse paraît complexe. Un manque de réactivité du gouvernement trois fois de suite (l’absence de quarantaine pour les militaires qui accompagnaient les rapatriés de Chine, les commandes de gel et de masques et de respirateurs et bien sûr le maintien des élections) ; les autorités médicales qui semblent avoir été de mauvais conseil et donnent l’impression de courir derrière les mesures qu’elles auraient dû recommander.  L’opposition n’est guère plus crédible. Les socialistes et la droite ont réclamé le maintien des élections et Macron, qui a reculé devant l’accusation de « déni de démocratie », a surtout manqué l’occasion d’être De Gaulle de cette guerre qu’il évoque régulièrement. Et à qui imputer le lent déclin de la biologie médicale en France, et notre difficulté à maintenir en France des activités qui ménagent peu de marges (les écouvillons nécessaires pour les tests, les flacons de verre basiques pour le gel, etc)….? Responsabilité collective, sans doute. Les consommateurs que nous sommes sont-ils prêts à payer pour la nourriture et la santé au détriment des téléphones portables et du plaisir d’acheter une petite robe de printemps ?

Au début, nous étions très peu gênés par le confinement pourvu que nos proches nous rassurent régulièrement. Bien sûr, on aurait voulu sortir, mais nous étions quand même deux privilégiés, heureux de vivre ensemble et heureux de pouvoir nous isoler par moments chacun dans une pièce. La bibliothèque était pleine de livres qui ne demandaient qu’à être relus, les CD et la radio permettaient d’écouter de la belle musique. En même temps nous jouissions de notre légèreté, les raisons de nous plier à l’organisation sociale de la semaine s’étant évaporées. Mais la troisième semaine est un peu plus difficile. Contempler la rue vide depuis sa fenêtre, constater le délitement de la journée.

Un moment pourtant constitue un repère dans les heures qui s’écoulent dans une sorte de brume. Notre voisin, Guillaume Martigné, est un excellent violoncelliste, et ce qui est encore mieux un musicien profond. Il y a quelques jours, il a installé son violoncelle sur le palier du 7ème étage et depuis, tous les soirs il joue pour les habitants confinés pendant 10 minutes ou ¼ d’heure.

Tous les concerts sont annulés et nul ne sait quand une vie musicale reprendra, mais Guillaume Martigné fait ce qu’il sait faire, donner au petit monde de l’immeuble un moment de joie partagée.

Disponible sur play music : https://play.google.com/music/preview/Aiu4llgcvzucd26gyplpp67tjhy?play=1

https:// www.facebook.com/guillaume.martigne

https://www.facebook.com/guillaume.martigne.cello/?locale2=fr.FR

https://www.instagram.com/guillaumemartigne/