L’été s’est achevé par une petite excursion anglaise dont je reparlerai, tant la façon dont les Anglais gèrent leur société multiculturelle à Londres ou à Birmingham m’a fait osciller entre l’impression d’arriver dans un monde différent et l’impression contraire d’une évolution assez semblable à celle qui s’observe en France. Cependant, les Anglais que je croisais dénonçaient violemment la « laïcité à la française » avec ses malencontreuses chasses au burkini, à laquelle ils opposaient les accommodements raisonnables de leur pays tolérant et apaisé. Pour autant, ils se gardaient d’évoquer les effets du Brexit sur les expatriés européens, et ne s’interrogeaient pas sur le sort des demandeurs d’asile, mineurs y compris, qu’ils demandent aux Français de coincer à Calais.
J’ai retrouvé Paris. Il fait encore chaud, mais l’été s’en va peu à peu. Déjà, les marronniers prennent des couleurs brunes. Déjà, les feuilles mortes envahissent les rues. Parfois, les matins sont blafards, puis le soleil sort et les gens s’installent aux terrasses des cafés. Les soldats sont moins présents ; l’atmosphère est redevenue insouciante et les voitures ont été chassées des quais de la Seine.
Pendant l’été, les fresquistes du 13ème ont ajouté de nouvelles œuvres. On dirait qu’ils se sont donné le mot pour proposer des œuvres positives. Depuis le viaduc parcouru par la ligne 6 du métro, on voit la Marianne de Shepard Fairey/Obey qui proclame : « Liberté, égalité, fraternité ». En face, la jeune fille légère d’un collectif new-yorkais montre la même confiance. L’élan qui l’emporte par-dessus les toits n’est pas une façon de se couper du monde, mais de partager la joie qui la remplit. Merci, les artistes ! J’aimerais conserver toute la journée votre bel optimisme. A quoi bon, l’humeur morose ? D’ailleurs, elle ne rend pas les voyageurs de la ligne plus généreux envers les musiciens roumains qui nous imposent « Les Amants de Saint-Jean ». Je leur donne un peu de monnaie, tout en grommelant. « C’est malin, je ne pourrai pas penser à quoi que soit d’autre pendant au moins une heure ! »

Faile, collectif basé à New York « Et j’ai retenu mon souffle » 110 rue Jeanne d’Arc
Cette rentrée, les mendiants roms sont à nouveau accompagnés d’enfants que la République ne se presse pas de scolariser.
Tiens ! À la station Nation, quelqu’un a fait sauter la séparation entre les sièges qui empêchait les squatteurs de s’allonger.

RER. Nation
Ainsi vont les journées normales. Depuis quelques années, revenir à Paris, c’est observer l’équilibre instable entre les quartiers à la beauté un peu figée, pour qui le temps s’est arrêté au 19e siècle, et les quartiers plus vivants, un peu délabrés, en voie de reconstruction à la recherche d’une beauté moderne. Mais c’est toujours aussi terrible de revoir la misère à Paris, surtout quand le temps devient gris et que le froid arrive.