La beauté

La première salle

de l’exposition permanente Hamad Al Thani

Hôtel de la Marine
2 Place de la Concorde, 75008 Paris
Tous les jours de 10h30 à 19h
Nocturnes jusqu’à 22h le vendredi soir

La première salle de l’exposition Hamed Al Thani rassemble des trésors de toutes les époques et de toutes les cultures. Des centaines de guirlandes dorées suspendues au plafond par des fils d’or, reflétées sur le sol, enveloppent les œuvres dans un écrin spectaculaire. Ce sont des fleurs lumineuses ou des poussières d’étoiles d’où surgissent des chefs d’œuvres isolés des œuvres sœurs de leur temps. Solitaires, séparés de la civilisation dont ils faisaient partie, ils appartiennent au musée de l’humanité.

Une petite déesse offre son visage au ciel nocturne. C’est une « guetteuse d’étoile ». Elle provient d’Anatolie, ressemble aux statues des Cyclades. Pourquoi ?

Déesse à la tête basculée vers le ciel. Asie mineure (3300-2500 avant J.-C.)

Des siècles plus tard, voici une reine guerrière du Bénin qui refusa d’écouter les oracles, engagea la bataille, fut victorieuse et sauva le royaume du son fils. Celui-ci la fit nommer Liyoba, Reine-Mère. A la page 544, de mon édition des Voix du silence, Malraux montre un masque identique qui se trouve au British Museum. Les Nigériens demandent en vain sa restitution. Aujourd’hui, il semble que l’argent du cheikh soit plus légitime.

Reine mère Idia en ivoire – Bénin – XVIè siècle

Un visage égyptien de la XVIIIe dynastie. Il est entièrement rouge, taillé dans le jaspe dur.

Égypte – Nouvel Empire (1475-1292 avant J.-C.) – Collection Al Thani

Une  statuette menue a elle aussi un visage rouge que le temps n’altèrera pas.

Un petit ours Han en bronze doré se gratouille l’oreille (206 avant JC). Il a l’air si doux et gai qu’il est le clou de l’exposition.

Ourson- Dynastie des Han occidentaux (206-25 avant J.-C.)- Collection An Thani- Photo Martine Halimi

Un cavalier se livre aux plaisirs de la chasse Il est tibétain et a été gravé sur une plaque d’or entre 600 et 800 après J.C.

Plaque – Tibet – Dynastie Yarlung (600-800 après J.-C.) – Collection Al Thani

La splendeur des pierres dures, la rigidité, le schématisme sont célébrées avec un masque olmèque. Sans les récits qui les accompagnent, la tête olmèque me parle peu, mais je vois là aussi resplendir à la lumière les pierres arrachées à la terre.

Les repères s’estompent. Il n’y a qu’un message simple : toutes les civilisations produisent des chefs d’œuvre qui viennent du fond de l’histoire, surgissent et parlent immédiatement à chacun sans que des médiations soient nécessaire.  Cet hommage aux génies fait penser aux Mages de Victor Hugo :

Oh ! tous à la fois, aigles, âmes,
Esprits, oiseaux, essors, raisons,
Pour prendre en vos serres les flammes,
Pour connaître les horizons,
À travers l’ombre et les tempêtes,
Ayant au-dessus de vos têtes
Mondes et soleils, au-dessous
Inde, Égypte, Grèce et Judée,
De la montagne et de l’idée,
Envolez-vous ! Envolez-vous !

5 réflexions sur “La beauté

  1. Après la beauté de la nature corse, celle de l’art.
    Lors d’une précédente exposition, j’ai été moi aussi particulièrement fascinée par cette petite sculpture dite  » contemplatrice d’étoiles  » qui émerge au milieu d’un ruissellement d’éclats dorés.
    Intemporelle, venue d’ailleurs, elle renferme le mystère des origines.
    Une autre lecture , moins poétique, sans doute (suggérée par le cartel) cette sculpture devait avoir une position allongée ce qui expliquerait son regard vers le ciel.
    Mais c’est le sentiment qu’elle produit qui me paraît essentiel pour une œuvre d’art.

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    • Ton commentaire fait réfléchir. Est-ce qu’on regarde de la même façon la nature et une œuvre d’art ? Peut-être en partie, mais il me semble que la joie devant la beauté de la Corse est apparentée à la joie de tout ce qui vit. Le milan qui tourne dans le ciel au-dessus des collines, les oiseaux qui s’émerveillent (comme nous ? ) du retour du soleil, le matin, les insectes rendus ivres par l’odeur du géranium…
      Je suis heureuse que nous ayons ressenti la même émotion devant la statuette d’Anatolie.

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